S'entreprendre

L’idée d’ouvrir une auberge est un rêve que je chéris depuis longtemps. À seulement 26 ans, c’est difficile d’imaginer que ça puisse faire siiii longtemps et pourtant, c’est bien le cas. On a tous déjà eu à faire l’exercice de se projeter dans 5 ou 10 ans (sans grande notion du temps), alors qu’on était encore à la petite école. Eh bien, croyez-le ou non, à 11 ans, je cassais déjà la tête de mes parents avec mon auberge ! Ceux qui connaissent bien ma famille savent que j’exagère et que mes parents étaient probablement plus admiratifs qu’exaspérés par mes songeries. N’empêche que je radotte sur ce projet depuis maintenant 15 ans ! Incroyable de penser que je suis en train de réaliser ce rêve de jeunesse. Je pense au parcours qui m’a permis de me rendre où je suis aujourd’hui. Je suis reconnaissante de voir ma famille et de nombreux amis se greffer au projet ou s'en inspirer. Leur confiance en moi est précieuse. Parfois, je ressens une certaine pression puisque celle-ci repose notamment sur la réussite financière de l’entreprise, mais je l’apprécie tellement quand je pense à la mobilisation de tous ces êtres chers qui mettent l’épaule à la roue dans ce projet.  


Bien honnêtement, même si je n’échangerais ma place pour rien au monde, il m’arrive de penser que j’ai eu de la chance de ne pas connaître à l’avance toutes les étapes vers la “concrétisation” de mon rêve (j’expliquerai plus tard pourquoi j’utilise les guillemets ici). Effectivement, bien que Projet La Ruche soit avant tout un mode de vie, l’incorporation de l’entreprise visait à simplifier mon intégration et celle de mon projet sur la ferme. Quand je dis simplifier, je pèse mes mots ! Le processus entrepreneurial du modèle agricole diversifié et de petite taille que nous avons choisi est loin d’être celui le plus courant et facile à établir. Si j’avais su quelle charge de travail devrait être abattue pour qu’un jour je puisse dire - enfin, j’ai mon auberge- , il y a plus de probabilités qu’elle m’ait eu découragée que stimulée. Vous ne pouvez imaginer le nombre d’instances, de permis, de déclarations, de rencontres et d’heures derrière l’épanouissement de notre entreprise. Si quelqu’un me contactait aujourd’hui pour me demander conseil dans son propre développement entrepreneurial, je lui demanderais assurément s’il est motivé par son projet, persévérant de nature et amoureux de son rêve, mais je tenterais également de déceler une pointe de naïveté dans son discours. C’est certainement le fait de ne pas complètement savoir où j’allais et de manger l’éléphant une bouchée à la fois qui m’aura permis d’encaisser toutes les étapes prévues et imprévues de ce projet. Je déplore la lourdeur administrative qui, je le comprends mieux maintenant que je le vis, doit en faire plier plus d’un. Je vous épargne ce qui a trait à ce sujet et invite ceux qui sont intéressés à en savoir davantage à me contacter directement. Je finirai tout de même ce passage en soulignant qu’il ne suffit pas de tenir un discours sur la rétention et le retour des jeunes diplômés en région, sur l’occupation dynamique du territoire agricole et sur l’implantation de pratiques durables dans nos modes de vie, mais qu’il faut aussi que tout soit mis en oeuvre par les différentes institutions concernées pour faciliter l’instauration de toutes ces stratégies. Je vais m’arrêter là !


Plus tôt, je parlais de concrétisation en encadrant le terme de guillemets. La concrétisation sous-entend l’achèvement de quelque chose. Le nom de Projet La Ruche évoque une toute autre idée, soit celle de l’évolution et de l’amélioration constante de l’entreprise. Tel que mentionné précédemment, Projet La Ruche est un moyen pour nous de mettre en lumière le mode de vie que nous avons choisi. Bien sûr, nous n’avons pas une image précise et immuable dans le temps de ce que nous souhaitons comme mode de vie. C’est pourquoi le terme projet nous semblait adapté à l’intégration progressive de toutes les sphères gravitant autour de ce fameux mode de vie. Le terme La Ruche fait quant à lui référence à l’origine de la ferme familiale et aux racines de notre agriculture et de notre occupation de la terre. Certains parlent de conjuguer vie familiale et travail. Ici on parle plutôt de vivre une vie d’épanouissement où ce qui permet à chacun de vivre - au sens monétaire où on l’entend - est également un intérêt personnel. C’est ainsi qu’ont vu le jour le volet maraîcher, l’élevage des chèvres laitières et des abeilles, la fabrication de savons et de chandelles artisanales, l’aménagement de la forêt et, bientôt, une auberge dans une construction écologique, un atelier d’ébénisterie, des sentiers forestiers et une foule d’autres éléments qui forment entre eux l’identité de Projet La Ruche. Au-delà de la complémentarité de ces activités, ce sont les valeurs communes qui unissent les membres de notre grande famille qui en font la force.

  

Sur une note positive, je termine ce premier article de notre blog, que je tenterai de garder actif et pertinent, en encourageant toute personne ayant le projet audacieux de créer sa propre entreprise de ne plus attendre le bon moment. Il n’y en aura pas de meilleur que maintenant (enfin, je dis surtout ça pour ceux qui attendent le signal depuis longtemps). Si tu attends d’avoir l’argent, le temps et l’énergie au même moment, tu risques de finir par passer à côté de ton rêve. Quitte à débuter plus modestement, commence aujourd’hui à poser les pierres qui paveront le chemin vers tes objectifs.

4 commentaires

Louis-Philippe Cusson

Une histoire fascinante, un projet qui prend forme, une table exceptionnelle et surtout une âme persévérante et contagieuse au centre de tout cela. Bravo à tous.tes et en particulier à Gabrielle! Longue vie au Projet La Ruche.

Guylaine Lévesque Rimouski

Très inspirant ! Hâte d’aller vous vister à l’été 2022.
Bravo !

Aline Pinsonneault

Vraiment un beau texte , très fière de vous tous
Continuez votre beau travail
Très hâte à l’ ouverture de l’ auberge

Françoise Vaillancourt

Projet inspirant et plume à l’avenant..

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